Le monde connaît une fragilité et une incertitude sans précédent en raison de la crise climatique qui se profile. Les catastrophes sont plus fréquentes, plus intenses et plus imprévisibles. Les experts affirment désormais que nous n’avons pas d’autre choix que de changer notre façon de réduire les risques et de gérer les crises.
Dans le cadre de la Plateforme régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophe, les experts appellent les acteurs humanitaires à modifier de toute urgence leurs approches, en privilégiant la réduction des risques plutôt que la réponse aux catastrophes
Selon les experts qui se sont exprimés lors de la session – Renforcer la réduction des risques de catastrophes dans l’action humanitaire – répondre aux urgences humanitaires sans intégrer des approches préventives n’est pas durable.
En revanche, l’intégration de la réduction des risques dans l’action humanitaire réduit les crises futures tout en diminuant le coût des réponses humanitaires.
Le Dr Paola Albrito, chef du service de la réduction des risques de catastrophes des Nations unies (UNDRR), chargé des processus intergouvernementaux, de la coopération interinstitutionnelle et de la préparation, affirme que le processus visant à relier ces deux domaines a déjà commencé, suite au lancement, en mai 2021, d’une liste de contrôle destinée à soutenir la programmation dans ce domaine.
Le Dr Albrito indique notamment que l’adoption de cette liste de contrôle permettrait de rationaliser l’affectation de la réduction des risques de catastrophe dans l’action humanitaire. La liste de contrôle contribuerait également à la responsabilisation, car il existe une léthargie générale lorsqu’il s’agit d’adopter des outils de réduction des risques de catastrophe, qui visent souvent à éviter les dangers à long terme qui ne sont pas visibles immédiatement.
« On a tendance à surestimer les avantages à court terme au détriment des avantages à long terme », explique le Dr Albrito.
Étant donné que la liste de contrôle élaborée par l’UNDRR n’a pas été adoptée dans de nombreux pays, il y a souvent confusion quant à l’organisme chargé de la réduction des risques de catastrophe dans des contextes où les populations ont déjà été touchées par des conflits, des troubles civils, des pandémies et d’autres dangers tels que ceux causés par le changement climatique.
« Les agences humanitaires disent que les agences de développement sont responsables de la réduction des risques de catastrophe », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que les agences de développement, de leur côté, pensent que les agences humanitaires sont responsables de la RRC.
La confusion sur la question de savoir qui s’occupe de la RRC dans l’action humanitaire est, selon plusieurs autres experts, répandue sur le continent africain, comme cela a été le cas dans des pays tels que la Mauritanie, le Burkina Faso, le Sud-Soudan et Madagascar.
« Les agences humanitaires n’étaient pas d’accord sur le fait que la gestion des risques de catastrophes était leur métier », explique Issa Sanogo, coordinateur résident des Nations unies à Madagascar.
M. Sanogo était également l’un des intervenants de la session.
Au Sud-Soudan, où une personne sur trois est déplacée à l’intérieur du pays et où 2,3 millions de personnes sont réfugiées dans les pays voisins, l’absence de programmation qui lie le travail humanitaire à la réponse à la réduction des risques de catastrophe affecte l’objectif à long terme de parvenir à la paix et à la stabilité.
« Nous n’avons pas de cadre permettant de combiner la réduction des risques de catastrophe avec le travail humanitaire », déclare le Dr Joshua Banak Joshou, directeur général du département des affaires humanitaires et de la gestion des catastrophes du Sud-Soudan.
Le Dr Banak affirme également qu’il faut d’abord comprendre les besoins et les priorités des gouvernements.
« Pour que l’action humanitaire et la RRC aillent de pair, les acteurs doivent comprendre les besoins et les priorités des gouvernements nationaux et des communautés locales », explique le Dr Banak.
En plus des panels virtuels qui auront lieu les 16 et 17 novembre, la Plate-forme régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophe tiendra une session ministérielle de haut niveau à laquelle les ministres africains responsables seront physiquement présents à Nairobi, au Kenya.
Le gouvernement du Kenya est l’hôte de cette huitième Plate-forme régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophe et de la septième réunion de haut niveau sur la réduction des risques de catastrophe.
Ces événements sont organisés par l’UNDRR en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).